L’entreprise de demain sera-t-elle une entreprise?
La question peut paraître saugrenue au premier abord, mais regardons-y d’un peu plus près pour voir ce qui est en train de se jouer…
De l’organisation pyramidale au réseau
L’organisation hiérarchique et pyramidale est en train de disparaître au profit des organisations en réseaux pour une raison toute simple et mathématique : l’organisation pyramidale est la solution la plus efficace pour passer une information à un maximum de personnes en un minimum de relations. Ce mode est parfaitement adapté aux environnements stables qui nécessitent peu d’informations à traiter pour être maîtrisés. Notre époque est clairement à la complexification : globalisation, révolution digitale, crises économique, écologique, politique, etc… Et pour appréhender un environnement complexe, il faut pouvoir traiter un nombre d’informations en croissance exponentielle. Des personnes isolées (experts, responsables hiérarchiques) ne suffisent plus pour trouver les réponses, il faut faire travailler l’intelligence collective. Pour cela, l’organisation en réseaux est la mieux adaptée car elle permet de maximiser les relations entre les personnes.
Le réseau fait son entrée dans les entreprises
Le mode réseau, déjà largement répandu pour nous citoyens, consommateurs et acteurs du web 2.0, fait donc son entrée dans l’entreprise. Et c’est une entrée fracassante. Car elle implique des remises en cause profondes : les managers vont perdre leur autorité hiérarchique (puisqu’il n’y a plus de pyramide) pour devenir des animateurs de ce réseau : passeurs, fluidificateurs, accompagnateurs et porteurs de sens. Chaque salarié va devenir acteur du réseau, quittant une position majoritairement consommateur dans la pyramide (j’applique les consignes et fais ce qu’on attend de moi) pour devenir acteur de l’entreprise (on parle de plus en plus souvent d’entrepreneur interne, ou d’intrapreneur). C’est précisément là que le bât blesse : comment demander aux salariés de devenir des entrepreneurs lorsque, par définition, le salariat crée par le contrat de travail un lien de subordination avec l’employeur ?
Le chemin de moindre résistance
Les lois de la physique peuvent nous éclairer sur ce qui pourrait arriver : le salariat, déjà profondément attaqué dans ses droits et ses protections dans le cadre légal en France, réforme après réforme du code du travail, représente une montagne à déplacer sur le chemin de l’agilité et de la fluidité dont les entreprises ont besoin rapidement si elles veulent continuer à exister. Il est fort probable qu’il serait plus facile de contourner cette montagne plutôt que de la déplacer. Et les solutions existent déjà : le statut d’auto-entrepreneur par exemple permet déjà à des indépendants d’avoir une activité professionnelle très souple. Il s’ajoute au portage salarial et autres entreprises unipersonnelles, aux freelance, … Ces statuts ont pour caractéristique commune de remplacer la relation de subordination du salariat au profit d’une relation contractuelle de client à fournisseur. Ce contrat ne dure que le temps de fournir la prestation (produit, service, projet). L’organisation en réseau, on le voit, a plus de facilité à s’étendre en dehors de l’entreprise qu’à l’intérieur.
A quelle échéance ?
Le fonctionnement en simple réseau (mode 2.0) est déjà une percée par rapport au fonctionnement pyramidal (mode 0.0) ou en sillo/matrice (mode 1.0), est cependant pas encore capable de s’adapter de manière approprié au complex .. le passage au mode 3.0 dans la foulée sera donc incontournable dans cette optique !