Aventure en Caroline du Sud – Partie 2
Récit de la participation de F-Cube au colloque de l’Association des Ecoles Françaises d’Amérique du Nord à Greenville, Caroline du Sud. Deuxième partie.
(pour la première partie, cliquez ici)
Greenville, South Carolina
Le directeur de l’école de Greenville qui nous reçoit, Nicolas Brindel, est aussi le consul honoraire de la ville. Il dirige l’école fondée par et pour Michelin dans les années 80 lorsque l’entreprise française décida d’y installer son quartier général pour l’Amérique du Nord et le Mexique. Aujourd’hui, plus de 8000 personnes travaillent pour Michelin autour de Greenville, favorisant le renouveau économique de cette petite ville de Caroline du Sud. Le développement des activités de Michelin a fini par attirer d’autres importants acteurs industriels, au point qu’aujourd’hui Greenville est la troisième ville des Etats-Unis en terme de taux de croissance. Fuji notamment est désormais installé ici, et BMW y produit la totalité de ses 4×4 pour le monde entier. Il en résulte une petite ville du Sud étonnante de quelques 70 000 habitants, accueillante et dynamique où il fait bon vivre.
Association of French Schools in North-America
L’Association des Ecoles Françaises d’Amérique du Nord regroupe les 54 établissements du Canada et des Etats-Unis. L’école de Greenville qui en est membre accueille en ce moment 110 élèves du primaire à la terminale. Les structures les plus grandes peuvent accueillir plusieurs centaines d’élèves. Les équipes – enseignants et administratifs confondus – varient d’une vingtaine à 150 personnes environ. Ce sont donc des PME. Mais à la différence de beaucoup, elles sont au service d’une mission très claire qui engagent avec passion toutes les personnes que j’ai pu rencontrées lors du colloque : l’éducation bilingue internationale.
Les programmes scolaires sont officiellement reconnus par la France et les professeurs sont majoritairement issus de l’Education nationale française. Les enfants sont ceux des expatriés, des salariés des grandes entreprises françaises. Ce sont aussi des américains mais pas que : la diversité est une caractéristique commune à ces écoles : de nombreuses nationalités s’y croisent, s’y découvrent, apprennent à vivre ensemble au son de plusieurs langues. Les écoles françaises d’Amérique du Nord sont en fait bien plus des écoles internationales qui forment les futurs citoyens du monde.
Un monde en profonde mutation
Le monde de l’éducation vit ou subit une mutation profonde : la globalisation, l’ère du savoir numérique, une refonte complète des modes d’apprentissage, une relation à l’information et à la connaissance à repenser de fond en comble, par et pour les générations Y et Z, une démographie qui bouleverse les équilibres économiques… Au delà des business models, c’est la culture des écoles et des lieux de savoir en général qui est à ré-inventer.
Dans cette transformation à marche forcée, les écoles françaises d’Amérique du Nord ont un avantage : une mission ultra-claire et incarnée – l’éducation bilingue internationale – ainsi que des valeurs souvent formalisées. Elles ont des enjeux spécifiques : le contexte global de nos sociétés en mutation n’est pas partagé : vivant plutôt en vase clos, souvent dans de bonnes conditions économiques, les écoles françaises sont aussi le reflet du monde de l’éducation : conservatrices et rétives au changement. Un élément de ce contexte structure fortement l’avenir en Amérique du Nord, c’est la démographie. La forte diminution de la natalité dans les années à venir va entraîner la fermeture de 30% des écoles…
Pour les écoles à but non-lucratif, la relation avec le board est une difficulté majeure. La gouvernance est souvent décrite comme une source de complications et une entrave. Enfin, pour toutes, écoles à but lucratif et non lucratif, l’instabilité des professeurs et des équipes dirigeantes, inhérente à leur statut d’expatriés, pose la question de la continuité de la mission et du partage des valeurs. Face au renouvellement des visas et aux contrats de 3 ou 5 ans se développe une épuisante dépense d’énergie à réapprendre et transmettre la culture de l’école.
Une transformation culturelle
Deux des aspects fondamentaux de cette transformation culturelle sont la transformation digitale et la transformation managériale. C’est pour éclairer ces deux facettes que Thibaut Bourgon de Digital Effervescence et Frédéric Losfeld de F-Cube intervenaient lors du colloque de Greenville.
F-Cube était invité à présenter l’approche Fluide, Fun et Frugale : une vision pour les organisations du 21ème siècle. Le focus était fait sur 3 points :
- Comprendre ce qui est à l’oeuvre dans ce monde complexe et incertain en mutation
- Découvrir l’approche Fluide, Fun & Frugale pour créer les conditions d’émergence de l’organisation du 21ème siècle
- Partager ce que cela questionne en nous et en nos organisations
Un écho était donné à la situation du secteur de l’éducation par l’exemple de celui de la santé, dans lequel F-Cube possède plusieurs expériences. Secteur en profonde mutation fortement contraint, soumis à une obligation de muter, les tensions sur les femmes et les hommes de ces organisations sont très fortes.
WL Gore a fourni ensuite un exemple d’organisation fluide, fun, frugale et pérenne depuis 1958, tandis que la CPAM de l’Aude que F-Cube accompagne avec Liberté & Associés éclairait avec audace que la transformation culturelle est possible même dans des secteurs aussi stratifiés que l’administation de la Sécurité Sociale.
En complément, F-Cube co-animait un atelier participatif avec Digital Effervescence, de manière à permettre aux participants d’ancrer les principes de la transformation digitale et de la transformation managériale au coeur de leurs vécus.
Human to Human
En quittant Greenville et l’AEFA, ce qui me reste en mémoire, c’est l’envie de bien faire et d’innover de cette équipe énergique et joyeuse, toujours en mouvement : des femmes et des hommes pédagogues, érudits, performants, baignés de la double culture française et américaine. Merci à vous tous pour cette belle rencontre, et à bientôt !
Très bel article. Bravo aussi pour cette expérience rafraîchissante.
A bientôt,
Jean-Luc
Merci Frédéric pour cet article et pour votre présentation qui nous permettra d’envisager de nouvelles perspectives.
Merci également pour ce bel hommage à tous les collègues du réseau.
Philippe