Le Bien-être à l’ère du digital

Nouvel enjeu, nouveau questionnement

Chez F-Cube, nous considérons le bien-être et l’épanouissement comme une clé essentielle de la transformation des organisations. A l’ère du digital, il paraîtrait évident d’appliquer cette considération pour le bien-être à l’usage et à la conception des applications qui modèlent notre environnement au quotidien. C’est pourtant un sujet rare, voire totalement absent de l’information. C’est pourquoi nous relayons cet article du Center for Humane Technology  (CHT, ou Centre pour une Technologie Humaine), une communauté dont la raison d’être est qu’à l’avenir, nous regardions la période actuelle comme un tournant vers un design humaniste, un virage pour s’éloigner des technologies qui distraient et dispersent l’attention, et érode la société, vers des technologies qui protègent nos esprits et redonne vie à la société.

« In the future, we will look back at today as a turning point towards humane design: when we moved away from technology that extracts attention and erodes society, towards technology that protects our minds and replenishes society. »

La prise en compte de ces questions de bien-être dans l’industrie des technologies du digital est un sujet porté par le CHT depuis longtemps. Des propositions faites en 2013 par Tristan, le fondateur de CHT, viennent d’être intégrées par Google dans sa récente annonce sur le Bien-Être Digital (Digital Wellbeing announcement). Nous profitons de cette actualité pour attirer l’attention sur cette question nouvelle et pourtant cruciale du bien-être digital en reprenant certains passages de l’article « Google and the rise of digital wellbeing« , et d’une présentation du CHT intitulée « minimize distraction » (ici en ligne). Ce « Minimize Distraction » fait d’ailleurs totalement écho au sens que nous donnons à la frugalité : concentrer les énergies sur l’essentiel.

Manifeste pour un bien-être digital

Nous assistons aujourd’hui à un changement important dans l’industrie technologique d’une attitude du « Si vous avez un problème avec nos produits, simplement ne les utilisez pas » à « En tant que sociétés technologiques, il est de notre responsabilité de concevoir nos produits en prenant soin des gens d’abord ». Que les enjeux portent sur les fausses informations (fake news), la santé mentale, l’isolement ou l’addiction, le moment que nous vivons marque un tournant majeur.

Ce ne sont là que les premiers pas du mouvement pour une Technologie Humaine. Il en y aura dix mille à faire sur le chemin pour réparer tout ce qui a été cassé, mais il est tout de même important de célébrer le fait que c’est Google qui a décidé d’entamer ce voyage. Le fait que Google s’occupe de bien-être digital montre qu’il y a une forte demande des consommateurs pour intégrer ce type de caractértistiques dans les nouveaux développements. Nous espérons que les salariés d’autres sociétés du digital prendront maintenant des initiatives pour défendre des technologies plus humaines. L’industrie a désormais atteint un point où la prise en compte du bien-être digital est devenu un nouvel avantage compétitif dans un paysage concurrentiel largement centré sur comment distraire et disperser l’attention des utilisateurs.

Quels sont les enjeux du bien-être digital ?

On pourrait penser que les utilisateurs ont toujours le choix, mais en fait, pas toujours. Nous devons reconnaître que les humains ont certaines vulnérabilités qui peuvent être amplifiées et exploitées. Le design des produits technologiques et des applications sait faire ça, et sait faire en sorte que les gens agissent impulsivement…

Vulnérabilité n°1 : mauvaise prévision (aussi connu sous le nom de « ça ne prendra pas longtemps »)
De nombreuses tentations se trouvent sous nos yeux sous la forme de boutons, de liens, de vidéo à cliquer sur toutes nos applications favorites, par exemple le bouton « Voir cette photo » qu’un ami vous a envoyée sur Facebook est surtout une invitation à passer plus de temps sur Facebook. Et nous avons tous fait l’expérience, après quelques clics au-delà du message initial que nous consultions, d’être effarés des 20 ou 30 minutes qui venaient de s’écouler, à l’insu de notre plein gré !

Capture d'écran 2018-09-02 20.43.12

Proposition n°1 : Et si l’industrie concevait des applications qui aident les utilisateurs à prévoir le temps et les conséquences de certaines de leurs actions ?

Vulnérabilité n°2 : les récompenses variables et non prévisibles (aussi connu sous le nom de Machines à sous)
Par exemple, faisons-nous un balayage d’un doigt pour faire défiler une liste, ou plutôt pour ressentir le même frisson qu’aux machines à sous en faisant apparaître dans cette liste de news, de nouveaux messages, de nouvelles photos, ce qu’on va y gagner ? Il faut souligner ici le côté addictif lié à la facilité du geste pour obtenir cette satisfaction. Autre exemple : vous est-il déjà arrivé de rafraîchir votre liste de nouveaux messages plusieurs fois d’affilée, juste pour voir s’il en arriverait de nouveau ? Si oui, vous voyez ce que je veux dire …

Proposition n°2 : Et si l’industrie minimisait l’utilsation de ces systèmes addictifs qui fonctionnent sur le même principe que les machines à sous ?

Vulnérabilité n°3 : la peur de manquer
Supposez un instant que vous arrêtiez de vérifier tous vos mails, vos messageries instantanées, vos abonnements, vos fils d’actualités. Ne seriez-vous pas terrifiés de manquer quelque chose d’important ? Cette peur de manquer nous entraîne inconsciemment à traiter tous les messages comme s’ils étaient tous importants, et donc à les vérifier continuellement, de peur de manquer celui qui le serait vraiment.

Proposition n°3 : Et si l’industrie concevait ses applications de manière à donner confiance aux utilisateurs qu’ils peuvent se déconnecter plus souvent sans rater quelque chose d’important ?

Vulnérabilité n°4 : Pensée rapide ou pensée lente (aussi connu sous le nom de « comportement conscient ou comportement stupide ? »)
C’est simple : nous, les humains, prenons des décisions différentes lorsque nous ralentissons et examinons les choses et lorsque nous réagissons immédiatement. En fait, les outils, les applications sont devenus si simples d’utilisation, sans effort, qu’ils ne nécessitent plus de se poser la question : vaut-il mieux que j’ouvre mon téléphone (pour errer sur Facebook ou Instagram) quand une notification le fait vibrer, ou que je continue à faire ce que je faisais ? Quand nous perdons ce moment de réflexion, nous perdons ce qui fait de nous des êtres pensants au profit de nos seules pulsions.

Proposition n°4 : Et si l’industrie concevait des applications qui aident les utilisateurs à être rapides et efficients, tout en laissant suffisamment de friction pour faire une pause et réfléchir à ce que nous sommes en train de faire ?

Vulnérabilité n°5 : Etat de stress ou « je ne suis pas dans le meilleur état d’esprit possible pour décider … »
La technologie ne change pas seulement ce que nous faisons, elle change également notre état physiologique. Nous retenons notre souffle quand nous lisons nos mails, notre système nerveux sympathique est activé, et le foie envoie dans le sang un surplus de glucose et de cholestérol. Notre rythme cardiaque augmente, et notre corps se prépare à une réponse combative ou de fuite. Il suffit de la lecture de vos 10 premiers mails pour déclencher ce phénomène… et sous l’effet du stress ou d’un état de distraction, nous sommes plus aptes à succomber à nos pulsions.

Proposition n°5 : Et si l’industrie concevait des applications qui minimisent le stress et créent des états d’esprit plus calmes ?

Et maintenant ?

Après cette première plongée et prise de conscience dans les enjeux du bien-être digital, du côté de la conception des applications digitales, intéressons-nous à nos usages. Comment s’approprier cette question du bien-être digital en entreprise, côté utilisateurs, acheteurs et gestionnaires de ces applications ? Notre vous proposons de commencer avec cette réflexion, à animer de manière collective en mode Design Thinking par exemple : comment nous questionner collectivement sur la manière dont nous utilisons les applications digitales vers plus de bien-être pour chacun ?

3 thoughts on “Le Bien-être à l’ère du digital

  1. Bonjour
    désolé, mais je ne crois pas à la sincérité de Google qui reste une entreprise à la recherche de profit, de dominance de son marché et impliqué dans des projets de transhumanisme ! Votre démarche de recherche de bien être digitale est intéressante mais n’a pas d’issue de grande ampleur si elle n’intègre pas la notion de gouvernance d’Internet.
    Cordialement
    Didier

    1. Merci pour ce commentaire Didier. Mon intention était avant tout d’ouvrir le champ de la question du bien-être au domaine du digital car je n’en entends quasiment jamais parler. Quant à Google, leur position archi-dominante sur l’Internet et leurs projets sont très critiquables d’un point de vue éthique.

Répondre à Bruno Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.