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La piscine Tony Bertrand – Entreprise liberticide, un cas d’école

Ah ! se rafraîchir en pleine ville au milieu de la canicule, la perspective était alléchante ! J’ai décidé cet été de découvrir la grande piscine extérieure sur les bords du Rhône à Lyon. C’est un lieu étonnant que l’on voit de partout quand on passe en voiture, un symbole de la ville avec ses deux bassins de 50 et 68 mètres chacun, et ses gigantesques flambeaux reconnaissables entre tous, qui se dressent le long du quai comme un point de repère pour tous les lyonnais.

Une douche froide pour se rafraichir

En ce matin d’août déjà écrasé de chaleur, j’arrive pour faire la queue. Pas une petite queue, une qui s’étale sur 50 mètres de trottoir facile. Petite déception : je pensais m’être levé assez tôt, comptant sur la grasse matinée des autres baigneurs en cette période estivale pour éviter la foule. Bon, j’attends. J’attends, près d’une demi-heure quand même. Pour entrer dans une piscine, ça surprend. Les gamins dans la queue autour de moi s’impatientent. Nous arrivons au contrôle à l’entrée et là je commence à comprendre : nous cumulons trois contraintes pénibles : les abonnées de la piscine passent avant nous, le personnel de sécurité fait du zèle en nous écoulant au compte-gouttes, et le contrôle, comment dire, le contrôle est très strict (litote) :
    • tu ne peux pas acheter ton ticket à l’avance, il est valable 15 minutes. Tu ne peux pas non plus acheter le ticket pour quelq’un d’autre.
    • fouille des sacs (classique) par 3 gardes de sécurité en rouge, de la société Zeus Sécurité
    • plus interdiction des bouées et des matelas (une maman devant moi sera priée de retourner à sa voiture déposer l’objet),
    • et vérification du port des maillots de bain autorisés (de piscine, pas de plage). Certains montrent ce qu’ils ont amené, d’autres comme moi qui le portons sur nous, devons ouvrir notre pantalon pour montrer et pouvoir passer. Nous sommes en pleine rue, devant la porte de la piscine que nous n’avons pas encore franchie, je tiens à le rappeler. Je vous jure que tout ça est vrai.

 

 

 

Une absence totale de confiance et de liberté

Même si le soleil continuaient à briller, les surprises elles ont continué à pleuvoir. L’accès au bassin par les vestiaires est contrôlé par du personnel de sécurité supplémentaire, chaque issue est gardée par 2 personnes pour vérifier ce que vous amenez :  interidciton d’amener autour du bassin des sacs, même des matelas alors que les plages sont en béton et qu’aucun siège ou chaise longue n’est proposé (il n’y a pas non plus une seule fontaine à eau en libre accès). Pas de bouées, ça on l’a déjà dit, que des brassards, mais vous êtes contrôlés un deuxième fois, au cas où vous auriez été assez malins pour passer le premier barrage. Là, en maillot de bain, les possibilités de camoufler sont réduites au minimum…
Il y 4 maîtres nageurs par bassin de 68m x 21m, plus 4 hommes sécurité autour du bassin qui tourne en permanence. Je comprends l’utilité des maîtres nageurs, mais 4 hommes de sécurité par bassin ?!
Un toboggan est surveillé par un maître nageur qui donne le top aux baigneurs pour se lancer. La glissade ne fait pas plus de dix mètres, elle ne présente aucun danger. Mais entre 12h et 13h, le toboggan est fermé : le maître nageur s’absente pour sa pause déjeuner.

 

Une précision accueillante également, trouvée sur la page d’accueil du site : « Accueil des personnes en situation de handicap au mois de juillet uniquement. »
En guise d’apothéose je vous livre enfin l’incroyable clou de la journée : la baignade organisée. Non seulement vous n’êtes pas libres d’amener ce que vous voulez, vous ne pouvez pas non plus nager comme vous voulez où vous voulez. La nage est organisée par des couloirs de nage dédiés !! Un couloir crawl, un couloir brasse, un couloir « matériels, palmes, plaquettes ». Il ne manquait plus qu’ils imposent le sens de rotation dans chaque couloir, mais ça les nageurs l’avaient trouvé tout seuls !

 

Le pouvoir de l’arbitraire

Il y a 3 gardes de sécurité en rouge à l’entrée, Zeus Sécurité, un avec un mec de la piscine sur chaque porte ouverte sur la plage pour empêcher de passer par ailleurs que le grand pédiluve où un autre homme de sécurité réouvre à nouveau tous les sacs pour être sûr que personne n’emmène de choses interdites. Je n’en ai pas la liste, elle n’est évidemment pas formalisée. Le pouvoir de l’arbitraire.

 

Je ne pensais pas être confronté pendant mes congés à un cas d’école d’entreprise totalement contrôlante. Bien sûr, la problématique de la sécurité dans des lieux publics est très sensible, mais il y a à l’évidence plusieurs manières de l’aborder. Les exemples que je viens de citer dépassent largement ce cadre, on touche ici à une culture, liberticide profondément, à l’excès, jusqu’à la limite du respect des personnes. Le fonctionnement de cette piscine en est caricatural tellement il est poussé à l’excès. Pourtant, je l’ai vécu. Je ne me suis pas demandé comment devait vivre les personnes qui y travaillaient, je ne suis pas sûr non plus qu’il y ait une quelconque efficacité. Il n’y a en tous cas pas beaucoup de plaisir dans un lieu fait pour en procurer.
Il aurait été si simple de fixer quelques règles simples à partager à l’entrée, fondées sur la confiance, le respect et l’intelligence, par exemple :
  • Bienvenue. Heureux de vous avoir parmi nous, nous sommes là pour vous aider à vous amuser en toute sécurité
  • C’est un lieu public, nous comptons sur vous pour le partager et respecter tous ceux viennent s’y baigner
  • Parlez-vous, vous verrez, ça fait du bien de se rencontrer.

 

On a toujours le devoir de rêver !

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  1. Publier le commentaire

    Bouvier says:

    Rire ou pleurer ? Que dire?
    Je vais faire le choix d’en rire.
    Un peu plus, vous vous trouviez tous en délit d’exhibitionnisme, attendant sagement en maillot de bain sur la voie publique !

    Article oh combien évocateur..de notre monde fait de peurs, de paradoxes, allant jusqu’à l’absurdité

    et oui, osons rêver car on en a le devoir
    Merci Frédéric.

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